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Short Message Service

 

La famille Watanabe s'est réunie afin de dîner tous ensemble... toutefois, tout le monde semble bien avoir remarqué qu'il manque quelqu'un depuis quelques temps et que leur famille est donc incomplète. Un message envoyé à la mère de famille donne une explication à cette absence tandis que de nombreux messages vont mettre en rogne un autre...

« Si je vous ai invitées pour le dîner, Misaki, Yui et Moe… c’est tout d’abord parce qu’il est bon de dîner en famille…

- En famille ? Le problème, okaa-san, c’est qu’on est pas en famille, là. Tu le sais très bien que Chihiro manque à l’appel depuis bien plus d’une semaine.

- Misa… murmura celle qui avait les cheveux roses en posant sa main sur l’épaule de Misaki, tentant de la calmer.

- Il… il est bon de dîner en famille. L’autre raison de mon invitation est que j’ai quelque chose à vous dire… à vous lire plutôt. Quelque chose qui éclairera tes pensées, Misaki puisque c’est de la part de Chihiro, justement. « Okaa-san, je ne reviendrai pas à la maison. Tu te souviens, il y a trois ans, j’ai rencontré un garçon du nom de Yukishiro. Ce que je ne t’ai jamais dit, c’est que j’étais très amoureux de lui et je n’ai jamais cessé de l’être. La vie a fait que nos chemins se sont croisés à nouveau et, désormais, nous vivons ensemble. Nous avons emménagé dans un village près du complexe volcanique d'Akan. Nous vivons dans une magnifique maison traditionnelle et menons une vie tranquille. Je te promets de te rendre visite lorsque j’en aurais l’occasion. »

- C’est… tellement soudain, déclara tout d’abord Misaki.

- Okaa-san et moi avons déjà discuté à ce sujet et vous vous doutez que nous n’irons pas le chercher. Misaki, tu es très bien placée pour savoir que nous n’empiétons pas dans vos choix. Chihiro a dit qu’il « menait une vie tranquille », c’est la seule chose qui doit attirer notre attention… à tous.

- Otou-san, okaa-san, avec tout le respect que je vous dois, je suis d’accord qu’il faut laisser ses enfants vivre… mais… Misaki avait dix-huit ans lorsqu’elle a décidé d’être indépendante ! Elle avait terminé ses années de lycée ! Chihiro n’a que dix-sept ans… vous… vous ne pouvez pas le laisser faire ! clama Madoka.

- Chihiro a toujours été différent de vous tous. Il est devenu indépendant alors qu’il n’avait que quatorze ans. Ce n’est pas une histoire d’âge, Madoka… pour moi, il est d’ores et déjà un adulte.

- Il ne nous a même pas présenté ce… Yukishiro… je trouve ça… désolée, les mots me dépassent, qui aurait cru qu’il allait partir du jour au lendemain… balbutia Misaki, les larmes aux yeux. »

C’est ainsi que commença un long déballage de sentiments autour du départ de mon dit petit frère. Moi, je restai silencieuse. Je n’en avais que faire qu’il soit parti. Non… son départ m’intéressait peu. Okaa-san avait beau se montrer forte… faire croire à toute la famille qu’elle acceptait sa stupide décision…  j’avais assisté à la  première lecture qu’elle avait  faite de ce message… lorsqu’elle l’a 

reçu… Elle ne le sait sans doute pas, mais… je l’ai vue s’effondrer en larmes, appelant son fils de sa voix remplie de tristesse. Je vais vous dire ce que j’en pense, moi… Chihiro n’est qu’un putain d’égoïste… ce n’est qu’un sale gamin qui mérite une bonne punition. Mes parents le proclament adulte… mon œil, il n’a jamais été adulte. Tout ce qu’il a su faire ces dernière années, c’est faire souffrir mes parents en allant on ne sait où pendant des jours et en ne faisant pas attention à sa santé fragile. J’ai su accumuler ce que je ressentais à son égard durant une longue période… cependant, c’est la petite goutte qui fait déborder le vase. Il en a trop fait et cette fois, je ne resterais pas passive. Ah, je ne pouvais pas faire grand-chose, c’est vrai… nous n’avions qu’une minime information de l’endroit où il se trouvait… de l’endroit où il se cachait comme un enfant de cinq ans… Je n’allais donc pas lui courir après. Par contre, j’avais encore quelque chose d’utile… son numéro de téléphone. Habituellement, je n’aime pas régler mes comptes au téléphone… cependant, là, je n’avais plus le choix. Il ne m’avait laissé que cette option.

 

« Chi-chan, ton téléphone portable sonne ! C’est étrange, personne ne t’appelle habituellement…

- Je… déso…

- Je vais répondre, d’accord ? ai-je déclaré avant de décrocher. Allô ?

- Huh ? Tu dois être Yukishiro… je vois, Chihiro ne daigne même pas décrocher par lui-même à son portable. Peu importe, c’est toi qui entendra mes paroles, alors, a-t-elle commencé par dire. Ecoute, c’est bien beau d’avoir emménagé ensemble… oui, ça peut paraître bien beau… Toutefois, c’est égoïste à en mourir. Je ne sais pas si tu m’entends, Chihiro, hein… Tu as beau être mon petit frère, je t’ai toujours considéré avec dédain. Tu fais souffrir nos parents et en particulier okaa-san. Tu ne réfléchis ja…

- Ne soyez pas en colère, très cher. Nous viendrons rendre visite à Madame et à Monsieur Watanabe lorsque nous en aurons la possibilité.

- Ne me coupe pas… et ne prends pas cet air de bourge avec moi ! Huh… argh… tu es aussi ingrat que cet abruti de Chihiro. Je me fous que vous viendrez leur rendre visi…

- Sachez, très chère Yui, que vous présenter tout le respect que je vous dois n’est pas… bourge. De plus, je trouve que la seule personne ingrate, pour le moment… c’est vous. Si vous méprisez autant Chihiro, cessez de lui parler… et ne le rappelez plus jamais. Sur ce, bonne journée, dit-je d’un ton sévère avant de raccrocher et de tourner le regard vers Chi-chan, souriant. Aah… elle était vraiment en colère. Comment tes parents sont-ils donc au courant de notre départ, hanii ?

- Je… j’ai e-envoyé un message à ma mère. Je… je suis déso…

- Ooh… vraiment ? Je peux le lire ?

- Bien… bien sûr… »

Comme il venait de m’en donner l’autorisation… je me suis immiscé dans les messages envoyés et je me suis mis à lire le dernier qu’il avait transmis… c’est-à-dire celui qu’il avait écrit pour sa mère. Je ne pus m’empêcher de sourire avec tendresse… ce message avait beau être assez épuré… c’était mignon comme tout. De plus… les quelques mots à mon propos réchauffèrent mon cœur. Je revins au menu principal quand je remarquai… qu’il avait de nombreux messages non lus… tous étaient de la part d’une certaine… Alize… « Chihiro-senpai », le surnommait-elle ? « Chi-chan » ? Elle ne cessait de se plaindre qu’il ne lui avait pas « rendu visite depuis longtemps » et autres choses dans le même genre. À quel   point  étaient-ils   proches ?   Je  restai   dos  au  lycéen  à  la

chevelure légèrement bouclée avant de poser une main sur mon cœur. Pourquoi… était-ce si douloureux ? Je… encore cette frustration refoulée… Pourquoi est-ce que je ressentais cela ? Je rangeai le portable de mon bien-aimé dans ma poche avant de me tourner à nouveau vers celui-ci et de lui déposer un doux baiser sur le front.

« Tu n’as pas besoin de ton portable, n’est-ce pas ?

- Euh… n-non… m’a-t-il répondu en baissant doucement la tête. »

Une chose est sûre… cette Alize ne nous séparerait jamais… je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour l’éloigner à jamais de Chi-chan. À jamais.

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