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Pour que je t'aime, il faut que le sang coule.

 

C'est dans un train que Chihiro a aperçu Mio et son frère pour la première fois... et ce fut cette rencontre faite par le pur hasard qui leur offrit une belle amitié. Mio était d'ailleurs le premier individu à voir quelques aspects de la réelle personne qu'est Chihiro, cette personne qu'il cache au fond de lui... elle est aussi le premier et le seul individu a avoir entendu son histoire d'amour qui est devenue un réel cauchemar...

 

Malgré mon visage cuit et mes plaintes ridicules, Mio n’était pas satisfaite. Il lui en fallait plus… peut-être avait-elle envie que je tombe dans les pommes pour qu’elle soit comblée, qui sait… La brune se dit qu’il serait pas mal de poser ses lèvres sur les miennes, comme ça je serais pire qu’une tomate, je serais un poivron rouge, une cerise, une fraise, tout ce que vous voulez ! Lorsqu’elle m’embrassa, je fermai les yeux, par reflexe… elle avait gagné, j’étais littéralement… mort… oui, elle avait gagné, elle avait réussi à me faire pleurer. Je m’étais laissé glisser doucement contre le mur avant de croiser mes bras faiblement tout en tremblant. Je regardais au loin, le visage décomposé tandis que les quelques larmes roulaient le long de mon visage. Aucun gémissement ne se faisait entendre, j’étais juste là, immobile et muet. Je suis certain qu’elle ne voulait pas ça…néanmoins, sur le coup, je ne pus m’empêcher de m’énerver… de m’énerver de manière chétive.

 

« Pou… pourquoi as-tu fait cela ? Je te suppliais d’arrêter… »

 

Sans comprendre ce qui m’arrivait, Mio s’excusa… elle s’excusa plusieurs fois, même. Malgré ma défaillance à ce moment-ci, je me dis qu’elle avait le droit de savoir… ce qui se passait en moi, qu’est-ce qui avait tourmenté mon cœur et surtout… que je n’avais pas toujours été celui que j’étais actuellement.

 

Lorsque j’avais quatorze ans, j’étais un garçon très timide, gentil, plein de bonté et extrêmement… extrêmement naïf et niais… J’étais tellement stupide à l’époque que je me faisais avoir par de nombreuses personnes qui se disaient être mes « amis » et moi, je ne comprenais pas pourquoi je me faisais toujours avoir, au bout d’un moment... je tombais toujours dans le panneau, c’était hallucinant… Et un jour, je suis tombé dans le plus gros panneau qui soit. À l’époque, un jeune homme âgé de dix-sept ans était venu nous expliquer qu’est-ce que c’était le lycée, comment il fallait s’y comporter pour réussir.... Il avait une chevelure blanche comme neige et sa peau était presque aussi claire que celle-ci. Je me rappellerai toujours de ses yeux rouges translucides et de ce sourire naturellement séducteur qui se dessinait sur ses lèvres. Je me souviens exactement de la façon dont je le regardais… avec des yeux émerveillés, brillants de fascination… il est correct de dire que ce gars-là… ce Murasaki Yukishiro… il m’avait ensorcelé, hypnotisé. À la fin de son intervention, il nous avait aimablement proposé de venir à sa rencontre si nous avions des questions. Avec ma timidité maladive, j’avais décidé de laisser passer tout le monde devant moi puis de discuter avec lui lorsque nous serions seul à seul. Je me rappelle très bien m’être présenté de la manière la plus ridicule qui soit…

 

« Je… j’ai quato… euh non… euh… bonjour ! Je m’appelle Watanabe Chihiro et j’ai quatorze ans. Tout… tout ce que tu as dit était très intéressant, mais… bah… du coup, tu as… ah ! Pardon, vous avez éveillé ma curiosité… ah… hmph. »

 

Je me suis tu, me mettant à rougir de plus en plus à chaque phrase que je prononçais. J’ai alors baissé la tête, les larmes me montaient aux yeux. J’étais quelqu’un de très sensible et le fait que je n’arrivais pas à m’exprimer me heurtait. Je me trouvais débile, à vrai dire. Cependant, Yukishiro me sourit avec la plus grande gentillesse que le monde puisse connaître.

 

« Je suis enchanté de faire ta connaissance, Chihiro. Tu n’as pas besoin de me vouvoyer, ne t’inquiète pas. Si tu as autant de choses à me dire, pourquoi ne pas aller dans un salon de thé, ça te tente ? me proposa-t-il. »

 

Je levai doucement la tête, essuyant les larmes du revers de ma main avant d’hocher doucement la tête pour acquiescer. C’est alors que je suivis un inconnu, certes, il n’avait que trois ans de plus que moi, mais c’était tout de même un inconnu et je le suivis jusqu’à ce fameux salon de thé. On peut dire que le courant était très bien passé entre nous deux… nous nous étions même échangés nos numéros de portables et, rapidement, il m’invita chez lui. Il vivait seul, il m’avait expliqué que ses deux parents étaient décédés et ça le rendait encore plus touchant à mes yeux de collégien niais. Il ne lui avait suffit que de trois petits mois pour me séduire entièrement… en effet, un jour, alors que j’étais en train de lui montrer mes talents de cuisinier comme je le faisais si souvent, il vint à moi, observant chacun de mes faits et gestes.

 

« Chi-chan, je crois bien que tu es le meilleur cuisinier que je n’ai jamais connu ! Ne te fais plus de soucis pour ton avenir et deviens cuisinier, c’est un des meilleurs conseils que je peux te donner, commença-t-il par dire.

 

- Tu crois vraiment cela ? Tu as sûrement raison, surtout que j’adore cuisiner… surtout pour t-toi, en fait, répondit-je en rougissant

 

- Pour ma part, j’adore lorsque tu cuisines pour moi… je crois bien que ta simple compagnie me satisfait, à vrai dire.

 

- M-merci, Murasaki-senpai…

 

- Il faut que je te dise quelque chose de très important, Chi-chan… enfin, que je te montre quelque chose de très important. Tu veux bien venir ?

 

- O-oui… j’arrive ! »

 

Il prit doucement ma main dans la sienne et me mena dans le salon. C’est alors qu’il me plaqua dans un coin de la pièce, il faisait plus sombre que dans le reste de la maison, les lumières étaient éteintes et les rideaux tirés. J'étais totalement facinée, éblouie par son regard d'un rouge sang si éclatant... Yukishiro passa doucement ses bras derrière mes épaules puis il déposa un baiser sur mon front. Je rougis, vous vous en doutez, hein… puis je clignai des yeux, avant de poser mon regard de chiot apeuré sur lui. C’est alors qu’il m’embrassa pendant au moins une bonne minute et que je fis tout mon possible pour rester conscient et ne pas tomber dans les pommes. Finalement, il m'offrit un sourire plein de charisme, ce sourire qu’il arborait tant, avant de me serrer contre lui et de me chuchoter à l’oreille :

 

« Je t’aime, Chi-chan.

​

- Je… et… je t’aime aussi, Yu… Yuki ! réussis-je à dire »

 

Ce fut le début d’un rêve, en apparence, qui commença. Yukishiro était tout simplement le petit-copain parfait… il était doux avec moi, gentil, attentif… il m’offrait beaucoup de choses et faisait toujours attention à ce que je me sente bien. Il était très tactile également et malgré ma timidité, je commençais à de plus en plus apprécier cela. Cependant, plus le temps avançait et plus Yukishiro agissait bizarrement… il avait commencé, après un mois de relation amoureuse, par me demander de ne plus aller en cours, et bien sûr… j’avais accepté. Il devenait de plus en plus possessif, je restais enfermé dans son appartement… je n’avais plus la possibilité de voir la lumière du jour. Il me demanda de lui apprendre à cuisiner et pendant ces temps d’apprentissage, il me blessait souvent au niveau des doigts… « sans le  faire exprès »,  évidemment. Pourtant, à  chaque fois que  ça arrivait, il  prenait ma main  et

 

« Chi-chan, je t’aime trop… je t’aime maladivement et la peur que tu me files entre les doigts est de plus en plus forte chaque jour qui passe ! Je suis obligé de t’attacher, sinon je vais devenir fou ! Tu me pardonnes, neko-chan ? Je t’aime… je t’aime, tellement…

 

- Je… je comprends, je n’ai aucunement envie de te q-quitter, mais je comprends ton inquiétude… peut-être devrais-tu consulter un psychologue, cela fait déjà trois mois que nous sommes ensemble, Y-yuki.

 

- Tu as raison, hanii ! Je te promets d’aller consulter un psychologue au plus vite, dit-il en me caressant affectueusement la tête avant de partir. »

 

Les rares fois où la tête blanche me détachait, je croyais qu’il n’allait me donner que de l’affection, cependant… il prenait un malin plaisir à faire de petites entailles sur tout mon corps, tout en m’embrassant et me câlinant pourtant avec tendresse. J’étais de plus en plus fatigué et mon corps n’allait bientôt plus tenir. J’étais devenu comme un assisté, car j’étais totalement vide de toutes émotions et de vie en moi, je ne ressentais plus la douleur et mes yeux ne connaissaient que l’obscurité. Je souffrais, car j’avais énormément aimé Yukishiro, et malgré la petite once d’amour qu’il restait au fond de mon cœur, il me dégoûtait et je me sentais stupidement faible… j’étais persuadé que mon comportement et mon caractère y étaient pour quelque chose. Je ne pouvais plus me doucher seul, mais cela ne dérangeait en aucun cas Yukishiro… ce n’était pas un problème pour lui de me laver. Je n’avais plus envie de manger, cependant, mon compagnon me nourrissait contre mon envie. J’aurais préféré qu’il me tue plutôt que de continuer à me faire vivre dans de telles conditions… Mon calvaire avait duré deux mois, peut-être trois mois… en effet, Yukishiro avait décidé de déménager, il m’avait expliqué qu’il n’aimait pas trop rester au même endroit… ou quelque chose comme cela… bref, je n’avais pas très bien compris pourquoi. Il n’avait engagé aucune entreprise de déménagement pour amener ses affaires de son appartement à son futur habitat. Je faisais parti des derniers « bagages » à emporter, de la sorte il me détacha enfin au bout de quelques jours.

 

« Voilà, hanii… tu vas voir, nous serons beaucoup mieux, là-bas, rien que tous les deux, m’expliqua-t-il en m’embrassant passionnément.

 

- J’en suis persuadé… ai-je répondu, chétivement.

 

- J’ai décidé de prendre un appartement avec seulement une chambre du coup, nous aurons une immense chambre, neko-chan, tu te rends compte ?! Oh… non, j’ai oublié de fermer à clé la porte de notre nouvel appartement, il faut que j’y aille, je t’aime ! »

BTS - Butterfly (prologue mix) (2016)

Si quelqu’un me demandait de décrire ma relation avec Mio en un seul mot, je choisirais le terme « taquinerie ». L’un comme l’autre, nous aimons nous lancer des vannes, des petites méchancetés… et pourtant, nous nous aimons plutôt bien… enfin, c’est le cas pour moi, je n’ai aucune idée de ce qu’il se passe dans l’esprit de Mio, hein… bien que je pense qu’elle doit m’appréciait un minimum… juste un petit peu. Au tout début, il n’y avait que moi qui raffolait d’être ironique avec elle, me moquer d’elle… gentiment, bien sûr. Malheureusement, cette saleté de brune s’est rapidement aperçue que je rougissais à n’importe quelle occasion et elle s’est dit… qu’il serait pas mal d’en profiter. Ainsi, elle s’est mise à son tour à m’embêter, faisant tout pour que mes joues prennent des teintes rougeâtres… et c’est ainsi que cela a commencé… nos taquineries éternelles. Cependant, un jour… elle est allée trop loin. Oh, je ne lui en veux pas, comment pouvait-elle savoir de quelle manière j’allais réagir ? Comment aurait-elle pu être au courant de mon passé et éviter cela ? Elle n’était pas devin… qui pouvait-il donc lui en vouloir ? C’est sûrement aussi un peu de ma faute, également… Je me souviens… l’avoir pas mal emmerdée ce jour-là, en conséquent, elle hurlait à la vengeance, la pauvre enfant. Bien sûr, vous en vous doutez maintenant, elle décida de me le faire payer… en me faisant rougir comme je n’avais jamais rougi auparavant. C’est de ce fait qu’elle me plaqua contre un mur et se rapprocha lentement de moi... mon cœur battait de plus en plus vite… j’étais anxieux, très anxieux. En tout cas, elle avait gagné, j’étais bien rouge, autant qu’une tomate extrêmement mur... je vous le dis.

​

« Arrête… avais-je balbutié telle une petite lycéenne en détresse. »

lécher doucement le sang avant de me mettre un pansement… moi, je trouvais ça totalement normal, bien que cela m’embarrassait grandement et, pour moi aussi, il n’avait « pas fait exprès ». Lorsqu’il me faisait des câlins, il me serrait de plus en plus fort ou me pinçait la peau et souvent, je manquais de suffoquer et j’avais de bleus… sans parler de quand il me mordait. Un jour, je fis émettre l’idée qu’il serait peut-être judicieux d’aller voir mes parents, rien que pour les rassurer ainsi que pour qu'il puisse faire leur connaissance... et Yukishiro décida… de m’attacher à une chaise, quoi de plus légitime… 

 

C’était l’occasion rêvée pour fuir. Certes il avait fermé l’appartement à clé, mais j’étais détaché… j’ai eu beaucoup de mal à me remettre à marcher… cependant, j’ai pris toute la force qui était contenue en moi, et je suis passé par la fenêtre… nous étions au rez-de-chaussée, bien heureusement. J’ai couru, malgré la faible lumière qui m’aveuglait… j’ai traversé toute la ville en courant ainsi qu’en pleurant… et lorsque je suis arrivé à mon domicile familiale… j’étais devenu celui que je suis aujourd’hui, cachant au fond de mon cœur qui je suis réellement, un garçon sensible et timide car j’avais peur de me faire avoir à nouveau. Désormais, je ne suis qu’une sale bagarreur rempli de sarcasme et au visage impassible… J’ai du me rendre au poste de police, j’avais disparu pendant plus de cinq mois, après tout et mes parents s’étaient inquiétés… Je ne leur ai rien raconté de ce que j’ai subi… je ne voulais plus jamais y repenser… la version officielle serait et resterait que j’avais décidé de fuguer mais que récemment un gang m’avait tabassé alors j’avais décidé de rentrer chez moi… Désormais, une chose est sûre… si je recroisse Murasaki Yukishiro… je le tuerais.

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