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Tout comme il y a trois ans

 

Épuisée par l'amour malsain qu'offrait Yukishiro à Chihiro et le fait que le jeune homme à la chevelure de neige n'en ait rien à faire de ce qu'elle ressentait,  Natsumi a quitté l'appartement de ce dernier. Essayant de fuir dans un dernier espoir, le brun va connaître une régression dans son comportement et retourner dans la vie qu'il menait dans le passé avec Yukishiro...

« Tu veux m'abandonner, hanii... encore ? »

J’avais réussi à ouvrir la porte. J’avais réussi à ouvrir la porte… j’étais si proche. Je sentis mon corps se faire happer. Murasaki m’avait attrapé. C’était la fin. Ma seule chance de m’enfuir venait de s’envoler devant mes yeux… tout comme Natsumi, elle s’était également envolée… elle avait laissé derrière elle cet amour malsain que me portait Yukishiro si dur à supporter pour elle… Si seulement j’avais réussi à la suivre ! No… non… c’était mieux ainsi. Je ne suis qu’un poids pour tout le monde… je crois que mon destin… mon destin… Je crois qu’il est temps de partir, c’est mon destin…. Il est temps de quitter ce monde que je connaissais et de revenir à l’ancien monde… avec Yuki. Je sentis mon corps glisser sur le sol, tiré par le bras musclé de mon « kidnappeur ». Il s’est accroupi devant moi, me lançant un regard chagriné. Je tremblais. Je tremblais beaucoup.

 

« N-non… ce n’était pas dans mon intention… ai-je répondu à la précédente question de Murasaki

- Tu ne peux pas me laisser seul, tu n’as pas le droit…

- Je… je te p-promets que ce… »

Le jeune homme à la chevelure de neige planta ses dents entre mon cou et mon épaule, coupant alors mes paroles. Il me traîna jusqu’à la cuisine avant de me balancer avec force dans un coin de la pièce. Des gémissements discrets de douleurs purent se faire entendre, s’extirpant involontairement de ma bouche. Ma jambe me faisait encore terriblement mal… comment avais-je pu stupidement me casser la jambe ? Yukishiro était dos à moi, farfouillant minutieusement dans un des tiroirs de la cuisine. Au bout de quelques secondes, je pus apercevoir la silhouette d’un grand couteau dans la main de celui qui prétendait m’aimer. Je ravalai ma salive. Il fallait être fort… il fallait que je sois fort. Il se mit à créer tout d’abord une entaille près de ma clavicule, clavicule assez visible à cause de ma maigreur. Sans aucun étonnement de ma part, il lécha le sang qui s’extirpa de la blessure avant de m’embrasser avec douceur. Ce petit jeu malsain dura pendant un peu moins d’une demi-heure.  Je m’étais  laissé faire, ne  disant pas un mot.  Avec son grand  sourire

séducteur habituel, il s’extirpa de moi m’abandonnant alors dans mon calvaire. Je respirais vulnérablement… de manière saccadée… c’est ainsi que je respirais lorsque j’étais épuisé. Je baissai la tête… attendant qu’il revienne. Je savais qu’il allait revenir… qu’il allait revenir avec de quoi me soigner… C’était… c’était comme si je le connaissais par cœur. Malgré toute la souffrance que je ressentais… je n’avais plus aucune envie de fuir… cette idée se promenait au fond de mon esprit… mais elle n’était pas aussi vive qu’auparavant… j’avais l’impression qu’à chaque fois que je croisais son regard de séducteur, cette pensée s’estompait peu à peu. Je… je ne savais pas pourquoi. Je ressentais quelque chose d’étrange… quelque chose qui surpassait ma douleur… je… je ne voulais pas le quitter.

 

« Nous allons déménager, m’annonça-t-il alors qu’il me posait des bandages. »

Je n’ajoutai rien à ses paroles. Il me prit dans ses bras et m’assit sur son lit avant de se mettre à remplir des sacs avec des affaires… Alors que la dernière fois que nous avions déménagé, il avait pris quelques jours à ramener toutes nos affaires dans notre nouvel appartement… cette fois-ci, il ne s’était muni que de nos vêtements et de nos affaires personnelles…. Comme s’il avait pris cette décision sur un coup de tête. Chargé de plusieurs sacs, il me porta à nouveau contre lui et… nous quittâmes ce domicile auquel je n’avais pas eu le temps de m’habituer sans laisser aucune trace de nous. Je me souviens avoir vu un article dans le journal quelques semaines plus tard mentionnant un « étrange appartement abandonné du jour au lendemain ». Ils soupçonnaient le célèbre tueur en série qui sévissait dans divers endroits du Japon d’y avoir logé bien que cela ne ressemblait pas du tout à son mode opératoire habituel. Yukishiro était surnommé « celui qui n’existe pas » par les enquêteurs et les journalistes… cela faisait des années qu’il était en activité et pourtant, les enquêteurs n’avaient jamais obtenu ne serait-ce qu’un indice sur son identité. À chaque fois, il laissait un appartement à la décoration épuré, semblant appartenir à quelqu’un de très intelligent avec comme  seul  indice…  le corps  de sa  précédente  victime. Il 

n’avait jamais fait d’erreur. Jamais. À chaque fois, il n’y avait comme… aucune trace d’une autre personne ayant vécu dans l’appartement. La seule chose que je sais… c’est que l’unique fois où il n’a pas tué quelqu’un… c’est lorsque nous étions ensemble. J’accepte donc… j’accepte donc d’être le sacrifice… pour sauver tous ces gens qui auraient pu être ses victimes et… et pour le sauver, lui… de se faire attraper un jour.

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